(2009)
pour quintette à vent
durée : 10 minutes
Une marche dans un parc. Son sol, fait d'une terre blanchie, compacte et aplanie. La sensation, la vision de ces pieds innombrables martelant cette terre séculaire : un cuir que l'on a tanné au fil des ans ; l'action de nos corps piétinant encore ce qui reste de cette terre autrefois riche et fertile. Et le délitement progressif ; l'érosion qui pousse à combler nids de poule et affaissements. Peut-être y a-t-il la possibilité encore brumeuse d'une harmonie qu'image si bien ce merveilleux parc ? où la terre serait caressée de nos pieds ? ou ce sol souffrant trouverait remède dans l'action changeante de nos corps ? Le quintette s'inspire de ce constat. L'atmosphère s'installe peu à peu, d'abord chargée de souffle. Se met en marche alors la musique qui, après un court canon, monte en puissance jusqu'au mouvement central. Ce dernier voit toutes les forces se jeter dans la bataille hérissée de pics et, au fur et à mesure de sa progression, laisse place à des aplats de sonsrappelant le début du quintette. Puis, dans un troisième temps, on assiste au délitement progressif de la musique, à son hoquettementquelque peu drolatique, ironie poussée à la folie dans un entremêlement des divers thématiques abordées jusque là. Surgit enfin de manière assez inopinée une courte coda pianissimo, comme une brume laissant entrevoir une autre fin possible ; une rupture avec l'inéluctable qu'avait porté la musique tout au long de la pièce. La construction du quintette s'est faite simplement, autour des quatre premières notes énoncées au premier temps de la première mesure par la flûte, le hautbois et la clarinette. Le quintette se découpe en trois parties, elles-mêmes découpées en trois sous-parties. Et chacune des sous-parties reprend le principe de variation sur ces quatre premières notes.
CUIR ET CORPS
que recouvre ton corps
habite-t-il un viol
le cuir tané d'un parc
foulé de pas anciens
tu crées ton temps
le tron caché
à marcher demi-nue
tu ne parles qu'au silence
vrillant de crachats
l'arche bancale détruis-tu
la courbe inscrite à tort
qui reliait tes membres
la peau marbrée d'eau
de ses rigoles nécessaires
tu noies ta fin
d'un verre blanc
vieux
j'aimerais
un arbre
donnant quelques fruits